La Cour des comptes épingle le Louvre : le musée peut-il vraiment tout financer ?
9 novembre 2025
Trois semaines après le vol spectaculaire de bijoux au Louvre le 21 octobre 2025, la Cour des comptes a publié un rapport très critique sur la gestion du musée entre 2018 et 2024. Le document met en lumière des failles importantes dans la hiérarchisation des priorités, les investissements et la sécurité, soulevant une question centrale: le Louvre peut-il réellement financer toutes ses ambitions ?
Un rapport accablant sur la gestion du Louvre
Le rapport de la Cour des comptes couvre les présidences de Jean-Luc Martinez (2018-2021) et Laurence des Cars (depuis septembre 2021). Il critique notamment la manière dont le Louvre a réparti ses budgets entre acquisitions d’œuvres, rénovations muséographiques et entretien des infrastructures.


Des investissements disproportionnés
Selon la Cour, le Louvre a investi massivement dans des projets visibles et attractifs, mais souvent coûteux :
- Acquisition d’œuvres : 105,4 M€
- Rénovation muséographique : 63,5 M€
- Travaux d’entretien et mise aux normes : 26,7 M€
- Restauration du palais : 59,5 M€
Ces chiffres révèlent un déséquilibre frappant : moins d’un quart des œuvres acquises sont effectivement exposées au public, tandis que la sécurité et l’entretien structurel restent insuffisants.
Une sécurité jugée insuffisante
Le rapport pointe des failles de sécurité identifiées dès 2014, confirmées en 2017. Le premier plan de sécurité, lancé en 2020, est qualifié de « pas assez ambitieux », et le second appel d’offres pour renforcer la sûreté n’a été lancé qu’en juin 2025, soit 8 ans après l’alerte initiale. La Cour souligne que, bien que le musée affirme avoir pris en compte les audits, la mise en œuvre opérationnelle reste inégale et insuffisante.
Des problèmes administratifs persistants
La Cour déplore également une mise en œuvre inégale des schémas directeurs pour la sécurité, l’accessibilité et les infrastructures techniques, ainsi qu’un contrat d’objectifs ne mentionnant jamais le risque de vol.
Le projet « Louvre Nouvelle Renaissance » au cœur des critiques
Le rapport évalue le coût réel du projet à 1,15 milliard d’euros, bien au-delà des 700 à 800 millions initialement évoqués par l’entourage du chef de l’État. Non financé, ce projet représente un risque financier pour l’État. La Cour recommande de prioriser la rénovation des infrastructures, la sécurité et la restauration, tout en redimensionnant le budget consacré aux acquisitions.

La réponse du Louvre : un musée, un tout
Le Louvre a réagi le 7 novembre 2025, contestant certaines critiques mais reconnaissant l’importance des recommandations. Laurence des Cars insiste : « le Louvre est un tout » et il ne faut pas opposer acquisitions, sécurité et restauration. Le musée a convoqué un conseil d’administration d’urgence pour revoir sa gouvernance.
Chiffres clés à retenir
- 9 millions de visiteurs/an, dont 2/3 étrangers, accélérant la dégradation des infrastructures.
- 2 754 œuvres acquises entre 2018 et 2024, moins d’un quart exposé.
- Délais importants pour les travaux de sécurité, jusqu’à 8 ans.
- Louvre : un mur d’investissements impossible à financer ?
La Cour des comptes alerte sur la nécessité d’un équilibre entre missions statutaires et capacités financières. Le Louvre doit désormais décider quelles priorités financer en priorité : acquisition d’œuvres, sécurité, conservation ou rénovation. Les discussions autour du financement du projet « Louvre Nouvelle Renaissance » et de la sécurité seront déterminantes pour l’avenir du musée.