CNAP : la Cour des comptes recommande sa suppression d’ici 2030
30 novembre 2025
Le 20 novembre 2025, La Cour des comptes a publié ses observations définitives sur la gestion du Centre national des arts plastiques (CNAP) pour la période 2016‑2024. L’institution formule une recommandation retentissante : supprimer le CNAP d’ici 2030 et répartir ses missions entre la Direction générale de la création artistique, le Centre Pompidou, les musées dépositaires et les Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC). Cette décision relance le débat sur l’efficacité et le rôle de cette institution emblématique de l’art contemporain français.
Qu’est-ce que le CNAP ?
Le Centre national des arts plastiques (CNAP) est un acteur majeur du ministère de la Culture, chargé de soutenir et promouvoir la création contemporaine dans toutes les disciplines : peinture, sculpture, photographie, vidéo, design graphique, design, etc.
Il acquiert et conserve des œuvres pour le compte de l’État, au sein d’une collection publique emblématique de plus de 108 000 œuvres, accessible en ligne et couvrant plus de deux siècles de création.
Le CNAP accompagne aussi les artistes et professionnels à travers soutiens, coproductions, commandes et partenariats, contribuant ainsi à la vitalité de la scène artistique française et internationale.

Pourquoi la Cour des comptes cible le CNAP
1- Un modèle économique jugé fragile et coûteux
Selon le rapport, le CNAP souffre d’un modèle économique difficilement soutenable. L’accent est mis sur l’acquisition et la conservation plutôt que sur la diffusion des œuvres, ce qui limite l’impact de sa mission première : faire connaître l’art contemporain.
- Seules 43,7 % des œuvres sont exposées.
- Environ un quart de la collection n’a jamais quitté les réserves.
- La diffusion varie selon l’année d’acquisition : 75 % des œuvres de 2000 sont montrées, mais seulement 30 % des acquisitions de 2010 et 2020.
Avec 108 000 œuvres et des coûts de stockage élevés, la Cour estime que le modèle actuel n’est pas soutenable.
2- Une gestion administrative et financière sous pression
Les chiffres sont révélateurs : en 2024, 12,8 M€ sont consacrés au fonctionnement, auxquels s’ajoutent 3,9 M€ pour le personnel mis à disposition par le ministère, contre 5,4 M€ pour les missions elles-mêmes.
Le projet immobilier de Pantin, prévu pour 2027, illustre cette tension : coût initial de 50 M€ doublé à 98 M€ TTC. La Cour souligne aussi la dépendance du CNAP à l’État et la gestion externalisée de son projet immobilier, qui limitent l’autonomie et l’efficacité de l’établissement.
3 -Coordination et position institutionnelle à améliorer
Le CNAP est en concurrence avec les DRAC, FRAC, musées et centres d’art privés. Sa coordination avec les partenaires, notamment en régions, est insuffisante, et son rôle dans la promotion des artistes français reste fragile. La Cour souligne que l’efficacité des aides n’est pas toujours démontrée, fragilisant le positionnement du CNAP dans le paysage artistique national.

La réaction du ministère de la Culture
Le ministère ne souhaite pas la suppression du CNAP, arguant que les économies seraient limitées et que la mesure risquerait de diminuer la visibilité de l’État dans les arts visuels.
Au contraire, l’objectif est de repositionner le CNAP comme chef de file de la promotion et de la valorisation internationale de la scène française. Le futur site de Pantin est vu comme un levier pour diffuser plus largement la collection et sera intégré au prochain contrat d’objectifs.
Réactions internes
Certains salariés critiquent le rapport, le qualifiant de « très politique », accusation démentie par la Cour. Ces réactions montrent combien la décision est sensible pour l’ensemble de la communauté artistique.
Conclusion : un tournant pour le CNAP et l’art contemporain
Le rapport met en lumière des faiblesses structurelles, financières et institutionnelles. Si la suppression du CNAP était appliquée, cela transformerait profondément la gestion et la diffusion des œuvres en France. La question reste ouverte : comment allier efficacité, soutien aux artistes et rayonnement international tout en préservant le patrimoine ?
FAQ – CNAP et Cour des comptes
Le CNAP va-t-il disparaître immédiatement ?
Non, la Cour recommande une suppression progressive d’ici 2030, avec redistribution des missions.
Qui prendra en charge les missions du CNAP ?
La Direction générale de la création artistique, le Centre Pompidou, les musées dépositaires et les FRAC.
Quel est le coût du projet immobilier à Pantin ?
Le budget initial de 50 M€ a été revue à 98 M€ TTC, avec un transfert prévu en 2027.
Pourquoi le CNAP est-il critiqué ?
Pour son modèle économique fragile, sa gestion administrative sous tension, et sa coordination limitée avec les acteurs culturels.
Que dit la Cour sur le rôle du Centre Pompidou ?
Le Centre Pompidou peut assurer la gestion des collections, en complément du futur site de Massy, sans que le projet de Pantin constitue un obstacle.