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MeToo dans l’art, une liste clandestine s’affiche à Art Basel Paris

MeToo dans l’art : une liste clandestine s’affiche à Art Basel Paris

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par Baratin
28 octobre 2025

Le 22 octobre 2025, alors que s’ouvrait la foire Art Basel Paris au Grand Palais Éphémère, un geste clandestin est venu troubler le vernis du monde de l’art contemporain.
Dans les toilettes du lieu, des visiteurs ont découvert une liste de 34 noms du milieu de l’art, imprimée sur du papier rose, vert, orange ou jaune, accompagnée des mots : « harcèlement », « agression », « viol ».

Une action discrète mais saisissante, révélée par Télérama, qui visait à dénoncer les violences sexuelles dans le milieu des arts visuels, un secteur où le mouvement #MeToo peine encore à s’imposer.

Un affichage anonyme au message percutant

Les affiches ont été collées en plusieurs exemplaires, sans revendication officielle.
Mais leur impact, lui, ne s’est pas fait attendre : au cœur d’un événement international comme Art Basel, cette initiative militante a immédiatement fait réagir les professionnels présents.

Les personnes citées sur la liste seraient majoritairement françaises, toutes issues du monde des arts visuels : artistes, commissaires d’exposition, collectionneurs ou directeurs d’écoles d’art.
Autant de figures appartenant à ce microcosme artistique que certains décrivent comme fermé, hiérarchisé, et peu prompt à se remettre en question.

Le #MeToo de l’art contemporain peine à s’installer

Ce geste s’inscrit dans un contexte déjà marqué par des tentatives de libération de la parole.
En mai 2024, l’artiste Déborah de Robertis avait mené une performance choc au Centre Pompidou-Metz, inscrivant en rouge « Me Too » sur cinq œuvres exposées.
Cette action, qui lui a valu une mise en examen pour dégradation, a donné naissance au collectif #MeTooArtContemporain, auteur d’une lettre ouverte accusant sept personnalités du milieu.

Depuis, les témoignages se multiplient, souvent relayés par des collectifs féministes ou indépendants.
Mais la prise en compte institutionnelle demeure limitée : la commission parlementaire sur les violences dans le secteur culturel, créée pour enquêter sur ces questions, a écarté les arts visuels de son champ d’étude.
Une décision perçue comme un nouvel abandon par de nombreuses victimes et professionnelles.

Un « coup de poing » pour faire bouger les lignes

Selon Télérama, un membre anonyme à l’origine de cette action explique avoir voulu provoquer un électrochoc.
L’objectif : rendre visible ce qui est tu et dénoncer les intimidations que subissent les victimes qui osent parler.

Les équipes d’Art Basel ont fait retirer rapidement les affiches, conformément au règlement de la foire, qui interdit tout affichage extérieur aux informations officielles.
Le directeur de l’événement, Clément Delépine, a néanmoins assuré que la foire restait « mobilisée et attentive aux questions de violences sexistes et sexuelles ».

Deux figures déjà mises en cause publiquement

Sur les 34 noms mentionnés, seuls deux avaient déjà été épinglés publiquement :

  • Claude Lévêque, plasticien, mis en examen pour viols ;
  • Georges-Philippe Vallois, galeriste, cité dans une enquête de Mediapart.

Les autres noms, encore anonymes dans les médias, témoignent de ce que Télérama décrit comme un « grand ras-le-bol » au sein d’un milieu « où de nombreux noms circulent, mais où rien ne bouge ».

Un miroir tendu au monde de l’art

Ce happening inattendu rappelle que derrière l’éclat des foires et des galeries, le monde de l’art contemporain demeure traversé par des dynamiques de pouvoir et des zones d’ombre.
L’action menée à Art Basel Paris ne revendique aucune appartenance, mais son message, lui, est limpide : le silence n’est plus tenable.

Reste à voir si cette liste anonyme, affichée dans l’un des temples de l’art international, sera le début d’un véritable débat sur les violences sexuelles dans les arts visuels en France ou un nouveau cri vite effacé.

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