Vous méritez La Ville Côtière : l’utopie libertarienne signée Maxime Callen
13 juillet 2025
Et si le tourisme devenait une fiction politique ? Avec La Ville Côtière, l’artiste Maxime Callen imagine un monde où l’utopie libertarienne s’incarne dans un dispositif artistique à la fois absurde, grinçant et terriblement contemporain. À découvrir dans l’interview sur nos réseaux sociaux, et à rencontrer dans la rue avec un triporteur, cette œuvre évolutive interroge autant qu’elle fascine.
Une ville imaginaire… ou presque
« La Ville Côtière s’est inspirée par les libertariens, une société entièrement privatisée, où les services publics sont remplacés par des entreprises privées. »
Maxime Callen, interview Triptyque, produite par Baratin.
Dans l’interview Triptyque, Maxime Callen revient sur la genèse de son œuvre. La Ville Côtière, née il y a plus de dix ans, imagine une société fictive où l’argent gouverne les rapports humains, jusqu’à leurs extrémités les plus dérangeantes. Parmi les éléments les plus marquants : l’entreprise fictive ADOPTE, qui propose aux habitants d’adopter des enfants sur la base de critères esthétiques, âge ou même d’être remboursé si la personne n’est pas satisfait .
Un monde cauchemardesque ? Plutôt une fiction spéculative, qui utilise le langage du design urbain et du marketing pour faire exister, dans notre réel, les contours d’une société ultra-libérale. En jouant avec nos repères, l’artiste nous pousse à questionner nos propres normes et modèles économiques.
lavillecotiere.fr, 2019, site web, capture
Un triporteur pour aller à la rencontre du public
Depuis 2023, La Ville Côtière a pris une forme mobile et participative : un triporteur transformé en stand promotionnel fictif, comme un office du tourisme ambulant vantant les mérites d’un territoire imaginaire.
« L’objet du triporteur, c’est d’aller à la rencontre des gens dans l’espace public, de leur dire ce qu’est ce projet, de leur distribuer des flyers, de les amener à faire une découverte de l’œuvre en ligne. »
Maxime Callen, interview Triptyque, produite par Baratin.
Ce véhicule devient installation, performance et outil de communication, rassemblant cartes de visite, bulletins de participation, stylos gravés et même un concours fictif pour « gagner une villa » dans la Ville Côtière – à condition d’être compatible avec ses valeurs libertariennes.
Soutenu par la Région Occitanie, le projet a été performé notamment sur la plage des Chalets à Gruissan et pourrait bien continuer sa tournée dans d’autres lieux de passage. Un moyen aussi pour Maxime Callen de revendiquer sa précarité d’artiste, en assumant le rôle de « communicant », souvent inhérent à la pratique artistique actuelle.
Vous méritez La Ville Côtière, 2024, installation et performance, vue de la performance, Plage des Chalets, Gruissan, 2024, photo Léa Lebrun
Une vidéo à voir absolument
Cette vidéo diffusée sur vos réseaux sociaux et votre site internet permet de plonger dans l’univers du projet, en trois questions : passé, présent, futur. On y entend Maxime Callen parler sans filtre de son travail, de son engagement, mais aussi de ses doutes.
« Ça fait dix ans que je suis sorti des Beaux-Arts. Également, je suis précaire. C’est très difficile de vivre de son art dans le milieu de l’art contemporain. »
Maxime Callen, interview Triptyque, produite par Baratin.
Entre témoignage personnel et critique sociétale, la vidéo donne un visage humain à une œuvre dense, qui mêle fiction narrative, performance in situ et stratégie d’infiltration des imaginaires.
Une œuvre à suivre, en ligne et dans la rue
À l’origine, La Ville Côtière est un site web narratif : lavillecotiere.fr. Avec cette plateforme, l’artiste explore les codes du storytelling institutionnel pour tromper le spectateur, susciter l’interrogation, et déplacer les points de vue.
« Derrière l’objet publicitaire tape-à-l’œil que constitue le triporteur, il y a la figure de l’artiste qui se démène pour se faire connaître. »
Maxime Callen, interview Triptyque, produite par Baratin.
Cette démarche s’est poursuivie en 2024 avec Ma vie, la vraie, un projet documentaire mené sur Instagram, dans lequel l’artiste partage les coulisses de son travail. Là encore, le réel et la fiction s’entrelacent.